Malaria Consortium a échangé avec le distributeur communautaire Ipala Zidwemba sur son expérience lors de l’administration de la CPS dans le district rural de Boulsa, Burkina Faso.
« Les distributeurs communautaires sont chargés de donner les médicaments aux enfants. C’est sur eux que nous comptons pour assurer que moins d’enfants soient malades cette saison », nous fait part Dr. Eleonore Fosso Seumo, Représentante Pays pour Malaria Consortium au Burkina Faso, insistant sur le rôle crucial des distributeurs communautaires dans le succès de la campagne de CPS.
En route vers les concessions sur des chemins de terre ocre, les distributeurs communautaires sont facilement repérables avec leurs dossards blancs et leur sac de matériel. Leur journée commence à six heures du matin, lorsqu’ils se retrouvent au centre de santé pour recevoir la quantité quotidienne de SP+AQ. En vélo, ils se rendent ensuite de concession en concession pour administrer le traitement préventif aux enfants éligibles.
Le rôle des distributeurs est multiple : ils doivent communiquer avec les parents, rassurer les enfants, et signaler tout problème ou réaction indésirable à l’agent de santé qui les supervise. Les distributeurs sont tous des volontaires qui travaillent, entre autres, quatre jours par mois durant la saison des pluies pour assurer que tous les enfants éligibles bénéficient du traitement préventif et ainsi réduire l’incidence du paludisme.
Ipala Zidwemba, agé de 25 ans, est l’un de ces distributeurs, administrant pour la première fois la CPS aux enfants éligibles du village de Gaouga, Boulsa. Cultivateur de maïs, Ipala est originaire du village. Cette campagne est très importante pour lui qui, comme la majorité des Burkinabés, a souffert du paludisme et de ses conséquences à de nombreuses reprises. « On a tous eu le paludisme à un moment ou à un autre, certains sont plus chanceux que d’autres, mais il est important de protéger les plus vulnérables, les enfants de moins de cinq ans » nous explique Ipala.
Si Ipala espère que la campagne aura un impact positif sur l’incidence du paludisme, il est aussi conscient des nombreux obstacles qui peuvent entraver le bon déroulement de la distribution.
Il nous dit que cette campagne n’est pas aussi simple que les autres auxquelles il a participé, comme la campagne de vaccination contre la polio. Pour administrer le vaccin contre la polio, explique-t-il, il suffit de verser quelques gouttes d’un liquide sucré dans la bouche des enfants, ce qui ne demande que quelques secondes par enfant. L’administration de la CPS est très différente. Avant de pouvoir donner le médicament, Ipala doit poser un certain nombre de question pour établir si l’enfant est en bonne santé et éligible à recevoir la première dose de SP+AQ. Une fois l’éligibilité déterminée, Ipala doit préparer le médicament, un long procédé qui implique écraser le médicament dans une louche et le mélanger avec de l’eau et du sucre. Le médicament ayant un goût assez amer, il est souvent rejeté par les plus petits enfants. Dans ce cas, le distributeur doit attendre 10 minutes avant d’essayer de redonner une dose à l’enfant. « Cela aiderait beaucoup d’avoir un médicament plus adapté aux petits enfants, et aux conditions dans lesquelles nous travaillons » dit Ipala. Après l’administration, les distributeurs doivent encore attendre une demi-heure pour vérifier que l’enfant ne fasse pas de réaction au médicament. Une fois toutes les étapes accomplies, tous les formulaires remplis et les parents informés des deux autres doses à donner à l’enfant, l’équipe de distributeur peut marquer la concession à la craie, et l’ongle de l’enfant au marqueur. « L’administration de la CPS est un procédé long et compliqué » résume-t-il.
En plus des difficultés potentielles lors de l’administration, les distributeurs sont bien entendu confrontés aux intempéries. Par essence, la distribution de la CPS doit se dérouler durant la saison des pluies, pendant laquelle les routes et chemins sont régulièrement inondés, rendant de nombreuses zones difficilement accessibles.
Selon Dr. Savadogo Yacouba, Responsable du Programme National pour la Lutte contre le Paludisme, « pour assurer le succès de la campagne et un taux de couverture satisfaisant, nous devons trouver de meilleures solutions pour adresser tous ces obstacles ».
